LES REGISTRES TRAGIQUE ET PATHETIQUE.

30 Nov
Registre tragique Registre Pathétique
Le registre tragique est lié à la terreur et à l’admiration que provoque un malheur extrême, un destin fatal. Il s’exprime particulièrement au théâtre et au cinéma. Le registre pathétique cherche à inspirer l’attendrissement et la compassion, en soulignant la tristesse, les souffrances. Tous les genres ont recours au pathétique pour émouvoir.
Les registres tragiques sont liés à l’émotion d’une situation douloureuse.
Le registre tragique présente des personnages hors du commun aux destins marqués par la fatalité. Il multiplie les procédés qui suscitent l’inquiétude et la fascination. Le registre pathétique présente des personnages proches du lecteur ou du spectateur, placés dans des situations douloureuses. Il provoque la tristesse et la pitié.

1 – Le tragique

1.1 – La situation tragique

Masque tragique du théâtre grec antique

La situation tragique est une situation sans issue, dans laquelle des personnages se comportent avec héroïsme en acceptant un destin fatal.

La crise tragique :

– ­L’intervention d’une force supérieure ou d’une divinité

– L’obligation morale

– L’emprise d’une passion

1.2 – Le héros tragique

Le héros tragique se caractérise par sa grandeur, Noble, hors du commun, il possède un caractère qui lui permet d’affronter le destin.

Le héros tragique n’est pas un homme ordinaire mais un homme exceptionnel, pourvu du sens du devoir et de la vertu. Le héros tragique est conduit par un devoir moral, même s’il a conscience que son combat est sans issue. Il sait que la gloire viendra récom­penser son attitude face à la mort. Le héros tragique ne craint pas de braver les lois divines ou humaines. Son courage lui permet d’affronter les épreuves du destin.

2 – Le pathétique

2.1 – La situation pathétique

Pathétique : souffrance, douleur, malheur

La situation pathétique est une situation douloureuse : misère, maladie, dan­ger, séparation, décès accidentel… Ce sont des malheurs qui suscitent le regret, la tristesse, car ils auraient pu parfois être évités.

2.2 – La proximité avec le lecteur

­Les malheurs des personnages suscitent la compassion, au sens étymologique du terme qui signifie « souffrir avec ». Le registre pathétique exprime les inquiétudes et les tourments d’une situation identique à celle que pourrait connaître le lecteur ou le spectateur. Il provoque ainsi l’attendrissement et la pitié.

3 – L’expression de la douleur

Dans le registre tragique, l’expression de la douleur manifeste l’étendue du malheur. Elle provoque la stupeur angoissée du lecteur ou du spectateur. Dans le registre pathétique, elle est destinée à toucher, à provoquer la pitié.

3.1 – L’imprécation

Epopée, pathétique, tragédie des Cathares

C’est un appel à la colère divine contre quelqu’un ou quelque chose. L’imprécation souhaite la ruine, le malheur ou la malédiction. Elle peut aussi exprimer une révolte contre la cruauté des dieux, le caractère implacable du destin ou l’injustice d’une situation.

3.2 – La supplication

La supplication implore avec insistance un être ou une divinité. Elle est une forme de prière.

3.3 – La Lamentation

La lamentation exprime une tristesse intense, des regrets très vifs. Peu fréquen­te dans le registre tragique (la victime du destin est contrainte à une certaine retenue), on la retrouve au contraire fréquemment dans le registre pathétique.

4 – Les procédés des registres tragique et pathétique

4.1 – Le lexique et les images

Les termes chargés de connotations affectives correspondent aux temps forts de l’existence : la vie, l’amour, les passions, la mort. Le registre tragique se caractérise ainsi par la présence du réseau lexical de la mort, de la fatalité.

Le lexique possède une forte charge émotive qui renforce l’expression tragique ou pathétique des sentiments.

4.2 – L’exclamation et l’interrogation

Une série d’exclamations ou d’interrogations exprime le désarroi de celui qui est accablé par la situation tragique.

Les interrogations et les exclamations mani­festent le bouleversement du personnage et visent à apitoyer l’interlocuteur, le lecteur ou le spectateur.

4.3 – L’apostrophe

L’apostrophe permet d’invoquer une puissance supérieure ou de solliciter la compassion des autres.

Histoire littéraire

Le registre tragique et la tragédie

La tragédie antique rassemble la cité au théâtre, dans un sentiment de terreur ou de pitié devant le danger qui menace le héros.

Alors que le théâtre du Moyen Âge mêle le rire et l’émotion, la Renaissance s’inspire de l’Antiquité pour recréer la tragédie. Elle est au XVIIème siècle un genre noble qui montre le héros confronté à son destin à travers une situation de crise. Chez Corneille ou Racine, il n’y a pas d’issue au conflit : le spectacle des passions humaines s’achève sur une catastrophe.

Les auteurs du XVlllème siècle, comme Voltaire, maintiennent cette idée de grandeur mais mul­tiplient les situations violentes et pathétiques. Hugo, au XIXème siècle, réclame « le mélange sur la scène de tout ce qui est mêlé dans la vie ». Le drame romantique libère ainsi la tragédie des règles fixées par la tradition.

Au XXème siècle, Giraudoux, Anouilh, Sartre ou Camus transposent sur la scène la menace de la guerre ou la tragédie de la condition humaine. Beckett exprime le tragique de l’existence, ses personnages solitaires s’abandonnent au senti­ment de l’absurdité du monde.

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